Chaque année, Noël est pour moi une période ambiguë. J’adore décorer le sapin avec des décorations faites maison, ouvrir chaque jour mon calendrier de l’avent rempli de gourmandises et de petits mots, penser aux repas de fêtes que je pourrais préparer. C’est aussi l’occasion de prendre un peu de repos, d’espérer la neige et le froid pour déguster un vin chaud. Alors si je prends du plaisir à ces préparatifs au fur à mesure que les jours passent et que le 24 arrive, je sens l’angoisse monter en moi.
Ce récit est issu de mon ressenti par rapport à Noël. C’est mon opinion personnelle et ne vise pas à juger ou à stigmatiser qui que ce soit mais à faire réfléchir.
Il y aura d’abord le trajet en voiture pour rejoindre la famille. Sur ce long ruban d’autoroute monotone, je me demanderai pourquoi tu es si pressé. A chaque arrêt, je retrouverai la civilisation bruyante et impatiente, faisant la queue à la machine à café. Pendant ce temps, je boirai mon thé dans ma gourde isotherme en dégustant mon pique-nique que j’aurai préparé dans mon tiffin pendant que toi tu avaleras ton sandwich industriel et suremballé. A cette occasion, je dirai qu’on est loin d’une société sans déchet. En repartant bien après toi, je me reprocherai encore une fois ce voyage en voiture trop polluant, moi l’écolo qui veut réduire sa contribution au changement climatique.
A peine arrivée, j’enchaînerai sur deux repas gargantuesques en voyant passer du foie gras, du saumon fumé et une quantité d’animaux morts. Pourtant il est possible de préparer des repas festifs sans souffrance à partir d’ingrédients bios et locaux comme nous le prouve de nombreuses autrices culinaires véganes. Et même si cette cuisine n’est pas la mienne, je sais tous les efforts que mes hôtes font pour chercher des alternatives végétales et je leur en serai très reconnaissante.
Mais Noël c’est aussi les cadeaux. Quelques semaines plutôt, tu m’auras demandé mes souhaits et comme à chaque année je répondrai : « Je n’ai pas besoin de grand chose. J’ai un toit sur la tête, je peux manger à ma faim, me vêtir et me chauffer. » Les fêtes se sont surtout l’occasion de se retrouver en famille parce que nous ne nous sommes pas vu depuis longtemps. Non je n’ai pas besoin d’une pile de cadeaux. Si tu me demandes, je te donnerai deux ou trois idées. Oui je sais que parfois ils sont difficiles à trouver dans les magasins traditionnels. C’est vrai que je suis exigeante. Avant d’acheter un objet, je me pose mille questions. Comment et où a-t-il été fabriqué? Contient-il des perturbateurs endocriniens? C’est pourquoi je ne fréquente plus les supermarchés. Alors pour moi, tu changes tes habitudes et si tu ne trouves pas, ce n’est pas grave. Tu sais un peu d’argent ce n’est pas si mal même s’il n’y a pas de gros cartons à ouvrir.
Moi aussi je suis obligée de changer mes habitudes parce que ce que tu me demandes est bien souvent pas vraiment éthique ou écologique. Je m’adapterai et essaierai de trouver une alternative éco-éthique. Par contre, l’emballage cadeau ne sera peut-être pas aussi brillant que ceux vendus à côté des caisses. Il n’y aura peut-être pas d’emballage du tout parce que le papier cadeau a une durée de vie très courte et qu’il n’est pas recyclable en général. N’hésite pas à faire de même. Je m’amuserai en déballant mes cadeaux avec ces emballages improvisés.
Le lendemain, je me lèverai un peu groggy en regrettant un peu les excès de la veille. J’irai me promener dans les rues en voyant les poubelles déborder. Noël est vraiment la fête de la surconsommation. Je pense à la nourriture non consommée qui sera jetée dans les magasins ou les restes que l’on ne saura pas accommoder. J’imaginerai la file des parents au service après-vente ramenant les cadeaux cassés ou qui ne fonctionnent pas. Les enfants seront sûrement déçus mais oublieront vite, comme les cadeaux de cette année qui seront passés de mode dans quelques mois.
Tu vois Noël me rend parfois triste mais pourtant Noël peut être une fête éthique, écologique et minimaliste. Parfois on ne sera pas d’accord mais nous pouvons discuter en toute bienveillance. En lisant mon blog, tu sais qu’il est possible de faire autrement.
Petite, le soir de Noël, je guettais le Père Noël assise sur ma petite chaise en bois. En voyant une étoile filante, je me disais que c’était lui allant visiter d’autres cheminées et je faisais un vœu. Ce soir, j’ai envie de revenir à cette tradition. Je ne crois plus au Père Noël mais je rêve de fêtes plus humaines et sans souffrance pour les animaux. Je souhaite qu’elles soient remplies de souvenirs et de moins de cadeaux matériels.