Vous avez bien lu. Aujourd’hui je voudrais savoir si un cycliste pollue plus qu’un automobiliste. C’est une question très sérieuse et je suis sûre que vous ne vous êtes jamais posé la question tellement la réponse est triviale : un cycliste se déplaçant à vélo pollue beaucoup moins qu’un automobiliste utilisant sa voiture, fusse-t-elle la plus efficiente du marché.
Pourtant, ceci n’est pas aussi évident pour tout le monde. En effet, un journaliste d’Auto-Moto est convaincu du contraire à grand renfort de chiffres et de la caution d’un journal scientifique. Je ne reviendrais pas sur cet article et les critiques que l’on peut émettre. D’autres s’en sont chargés pour moi ici et là.
Personnellement, j’ai voulu vérifier, on ne sait jamais, je peux me tromper. J’ai fait le calcul des émissions de dioxyde de carbone (CO2) lors mes déplacements du week-end dernier. J’ai donc comparé l’utilisation de la voiture et l’utilisation du vélo.
Quelques petites remarques pour commencer
Je ne change pas ma consommation alimentaire quand je prends mon vélo ou ma voiture. Pour calculer mes émissions de CO2, je n’ai donc pas pris en compte l’alimentation mais la consommation de gasoil pour la voiture et le CO2 expiré par la respiration pour le vélo. J’ai ignoré les émissions de CO2 dû à l’extraction des matières premières, la fabrication de la voiture et du vélo. Je me suis seulement intéressée à l’usage du vélo ou de la voiture. Ce calcul n’est donc ni un bilan carbone ni une analyse du cycle de vie. C’est une simple estimation.
Mon week-end en voiture
Si tous mes déplacements du week-end dernier avaient été fait en voiture, j’aurai parcouru 18,5 km en 45 minutes soit une moyenne de 25 km/heure. Ce chiffre est correct puisque tous ces déplacements sont effectués en ville. Ma voiture est une citadine compacte récente et diesel. Sa consommation est de 4,8 L/100 km en cycle urbain. Ce chiffre peut paraître faible mais nous adoptons une conduite économique. L’émission de dioxyde de carbone par litre de diesel est de 2600 g. Pour les 18,5 km, j’ai consommé 0,9 L de gasoil. J’aurai donc émis 2340 g de CO2 pendant ce week-end pour nos déplacements en voiture (126 g/km). Je néglige le CO2 émis par la respiration.
Mon week-end en vélo
Le week-end dernier, j’ai parcouru 19 km en 95 minutes soit une moyenne de 12 km/h. C’est une moyenne qui correspond à une pratique normale en ville. J’ai donc basé mon calcul sur la respiration. Un litre d’air expiré contient 4 à 5% de CO2. Si je retiens le chiffre de 5%, 1 litre d’air contient 0,05 L de CO2. En utilisant le volume molaire d’un gaz (24 L/mol) et la masse molaire du CO2 (44 g/mol), il y a 0,09 g de CO2 par litre d’air expiré. Le volume d’air inhalé/expiré dépend de l’activité physique.
- Au repos, le volume d’air expiré est de 6 L/min soit 0,55 g CO2/min,
- Pour la marche, 16 L/min soit 1,5 g CO2 /min,
- Pour le vélo (pratique intensive) : de 60 à 100 L/min soit de 5,5 à 9 g CO2/min.
Le trajet effectué en vélo est composé de parties plates, de descentes et de montées. Il est assez difficile de calculer la part de chaque partie. J’ai estimé que j’avais parcouru 82 minutes en expirant 2 g/min de CO2 (parties plates et descentes) et 13 minutes en montée (6 g/min de CO2). Pour tout ce week-end, j’aurai rejeté 300 g de CO2 en pédalant (16 g/km).
Comparaison vélo / voiture
Puisque tout ce week-end, je ne me suis pas déplacée seule mais à 2. La comparaison est basée sur deux personnes par voiture et l’utilisation de 2 vélos. Nous avons produit 600 g de CO2 pour le déplacement à vélo. Si nous avions opté pour la voiture, nous aurions émis 2340 g de CO2 issus de la combustion du gasoil et environ 60 g de CO2 pour la respiration. Nous avons donc émis 4 fois plus de CO2 en utilisant la voiture que le vélo.
L’avantage du vélo
Les déplacements en vélo sont donc moins polluants qu’en voiture. Si vous n’êtes pas convaincu, vous pouvez testé les éco-comparateurs de l’ADEME . Vous pouvez calculer vos émissions de CO2 et d’énergie selon le mode de transport choisi ou comparer deux modes de transport en terme de coût, d’effet de serre et d’énergie. Le vélo est toujours gagnant.
Cependant, le vélo a d’autres avantages comme l’exercice physique, la moindre occupation du sol (pas besoin d’immenses parkings) ou en terme de bruit (un vélo est moins bruyant qu’une voiture). Enfin, un vélo n’émet pas de particules fines. L’idéal est donc de préférer la marche pour les déplacements de moins de 1 km, le vélo entre 0 et 10 km et les transports en commun au-delà. Vous pouvez aussi diminuer vos émissions de CO2 en évitant le bœuf du Brésil et en privilégiant une alimentation bio, locale, de saison et à dominante végétale.
Utilisez-vous le vélo ou la marche pour vos déplacements de proximité?