Le 14 février, c’est la Saint Valentin, Dans l’hémisphère nord, c’est l’hiver (enfin théoriquement) et vous trouvez très peu de fleurs dans les jardins. Mais certaines fleurissent tout de même à cette saison comme les perce-neige, les crocus, les hellébores, le chèvrefeuille d’hiver ou le mimosa dans le sud de France et en Bretagne. Cependant, pour la fête des amoureux, la star des fleurs coupées reste la rose, symbole de l’amour (rose rouge) dans le langage des fleurs.
D’où vient la rose de la Saint Valentin?
La rose ne fleurit pas en hiver (normalement!) en France donc les roses coupées que l’on trouve chez les fleuristes en cette saison proviennent soit de pays lointains soit poussent dans des serres chauffées. Ces roses sont issues essentiellement d’Afrique ou d’Amérique du Sud avant d’arriver en Europe. Comme les fruits et les légumes produits hors saison, les roses ont un impact environnemental significatif.
Dans son article pour Le Monde Au Kenya les roses épineuses de la Saint Valentin, Audrey Garric nous montre l’envers du décor de la culture des roses. Celles-ci sont cultivées sous serre dans une région montagneuse autour du lac Navaisha. Le Kenya est le 4ème exportateur mondial de roses et fait vivre environ 2 millions de Kenyans. Néanmoins cette culture pose des problèmes environnementaux et sociaux. Comme pour la tomate, les fermes horticoles kenyanes utilisent des pesticides, des engrais, puisent l’eau du lac avec un risque d’assèchement et rejettent leurs effluents sans traitement dans ce dernier. Ce type de comportement n’est pas sans conséquence sur l’écosystème du lac Navaisha. De plus, les conditions de travail des ouvriers et ouvrières sont pénibles. Les salaires sont tellement faibles qu’il est difficile de se loger dans des conditions décentes.
Au Kenya, les conditions climatiques sont optimales pour la culture des fleurs. Les roses ont besoin de journées chaudes et de nuits fraîches pour pousser correctement. Ce sont ce type de conditions que l’on retrouvent sur les hauts plateaux kényans, éthiopiens ou dans les Andes. Mais, la consommation de fleurs coupées se fait essentiellement dans les pays riches (Europe, Amérique du Nord). Pour avoir une tenue optimale dans les salons occidentaux, les roses, une fois coupées, sont réfrigérées et acheminés par avion jusqu’en Europe.
La Hollande et son marché aux fleurs de Aalsmer est la plaque tournante du marché mondial des fleurs coupées. Ne soyez pas étonné-e de trouver garé devant votre fleuriste un camion immatriculé aux Pays-Bas. En résumé, votre rose a été cultivé au Kenya ou en Équateur, est arrivé par avion cargo en Hollande, puis est livré chez votre fleuriste en camion. Et pour finir, vous êtes allé chercher votre bouquet en voiture, la plupart du temps. Pendant tout son parcours, les roses sont réfrigérées à 2°C environ pour garder leur fraîcheur. Entre le transport et la réfrigération, le bilan carbone de la rose n’est pas très enviable.
Si le transport des roses a un lourd impact environnemental, cultiver des roses en Europe même hors-saison est-il plus éco-friendly? Une étude britannique en 2007 a montré que produire des roses sous serre en Europe émet 6 fois plus de dioxyde de carbone que leur importation du Kenya. Effectivement, chauffer et éclairer une serre demande beaucoup d’énergie.
Les alternatives
Les fleurs équitables : Comme le chocolat, le café ou la banane, les fleurs peuvent être certifiées équitables. Ce label garantit aux ouvriers et ouvrières du secteur horticole un revenu stable et correct et la limitation des engrais et pesticides. Cependant, les roses sont aussi produites en Equateur ou au Kenya donc les problèmes liés au transport sont les mêmes.
Les fleurs bio : La production de fleurs coupées bio n’est pas très développée en France. Le projet le plus abouti est celui du réseau Cocagne. Depuis 2014, il commercialise en région parisienne « des bouquets champêtres, originaux et durables » via la structure Fleurs de Cocagne. Ces fleurs coupées sont vendues en circuit-court, permettent la réinsertion de personnes éloignées de l’emploi. De plus leur culture respecte la charte de la culture biologique.
Les alternatives à la rose kényane sont peu nombreuses. Peu de fleurs pour confectionner des bouquets sont produites en France dans des conditions qui respectent à la fois les travailleurs-ses et l’environnement. Pour la Saint Valentin, vous pouvez renoncer à offrir des roses. Cette fête des amoureux est avant tout commerciale. Offrez plutôt des bouquets de saison et si besoin préférez une saison plus favorable (printemps, été). Enfin, n’attendez pas le 14 février pour dire à votre moitié que vous l’aimez. Vous pouvez le faire tous les jours.
Faites-vous attention à la provenance de vos bouquets?
Connaissez-vous des fleuristes qui commercialise des fleurs bio?
Pour aller plus loin :
Des fleurs bio et équitables? Eco-sapiens.com
Product – la rose, ARTE Future
La fleur bio peine à s’épanouir, Courrier international