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Je ne fais plus la guerre au liseron

Avant d’acquérir ma maison, je regardais les émissions de jardinage à la télévision, notamment Silence çà pousse sur France 5 ou Jardins et Loisirs de la RTBF. Je rêvais de posséder les mêmes jardins, les mêmes essences d’arbres, les mêmes fleurs… Je notais dans des cahiers et des classeurs les noms des végétaux qui me plaisaient. Et puis, une fois dans mon jardin, je me suis rendue compte que je ne pourrai pas avoir ces jardins-ci. Déjà le mien est dix fois plus petit que les beaux jardins que l’on voit à la télé et dans les magazines. J’ai oublié les grands arbres et j’ai commencé à planter 3 ou 4 légumes dans mon potager. Et ce ne fut pas une grande réussite.

A cette époque, je n’avais pas trop de temps à consacrer à mon jardin. Nous faisions de gros travaux dans la maison alors le jardin est resté un peu en jachère. L’herbe a poussé dans les allées autrefois désherbées avec des herbicides (par les anciens propriétaires). Certains arbres sont morts. Les rosiers ont attrapés tout un tas de maladies faute de traitements toxiques appropriés. Les coronilles de la haie se sont multipliées anarchiquement car je ne les taillais pas après la floraison. Les anciens propriétaires avaient élaboré un jardin à leur image mais nécessitant beaucoup d’énergie, d’outils mécaniques, de pesticides et d’engrais et surtout beaucoup de temps.

Petit à petit, ma vision du jardin a évolué. Je ne voulais plus un jardin d’agrément parfaitement taillé et entretenu. En lisant ou en regardant des vidéos, en m’intéressant au jardinage au naturel ou à la permaculture, mon jardin est devenu un peu plus sauvage et correspond plus à ma vision de la nature. J’ai planté une haie vive, installé des composteurs, laissé pousser les « mauvaises herbes » dans ma pelouse. Aujourd’hui, il me semble que mon jardin est plus riche en biodiversité qu’à mon arrivée.

Tout çà pour vous dire que chacun à son idée de la nature et la plus courante est de la maîtriser. Je ne pense pas que l’être humain serait à l’aise dans une nature vierge. D’ailleurs, en Europe, il doit être difficile de trouver un lieu qui n’a jamais connu d’occupation humaine. Quand je dis que j’aime la nature, en fait, j’aime une nature organisée comme j’en ai envie. C’est encore très difficile pour moi de lâcher prise. Par exemple, je suis incapable de laisser une zone sauvage dans mon jardin (zone 5 en permaculture). J’y interviens encore un peu trop. Mais je suis heureuse de voir butiner les bourdons sur le trèfle de la pelouse que je laisse pousser ou découvrir qu’il y a dans mon jardin de nombreuses plantes sauvages comestibles. Alors j’ai arrêté de faire la guerre au liseron. Je ne l’arrache plus systématiquement et cela m’a fait le plus grand bien. Je dois vous l’avouer le liseron est une de mes plantes préférées. J’adore la forme de sa fleur et sa capacité à repousser dans les situations les plus complexes.

Dans les années à venir, j’aimerais intervenir dans mon jardiner le moins possible, ne l’entretenir avec un minimum d’outils thermiques et électriques, de laisser pousser les « mauvaises herbes » si mal aimées là où c’est possible, d’avoir un potager en permaculture… Bien sûr je n’aurais jamais un jardin sauvage parce qu’il est parfois assez dur d’assumer le regard de ses voisins et que je suis aussi une fille qui a besoin d’une certaine organisation.

Aujourd’hui, je ne sais pas si j’aime réellement la nature ou l’idée que l’on nous vend dans les magazines : une nature propre, organisée et maîtrisée par l’être humain.

Il n’y point de recette pour embellir la nature. Il ne s’agit que de voir. Auguste Rodin

Quelle est votre conception de la nature?